Comprendre la courbe biphasique en photobiomodulation
Version grand public : quand « plus » ne veut pas dire « mieux »
La photobiomodulation repose sur l'idée que la lumière stimule les cellules. Mais attention : trop de lumière peut avoir l'effet inverse. C’est ce qu’on appelle la courbe biphasique.
Qu’est-ce qu’une courbe biphasique ?
C’est une réaction en deux temps :
À faible dose, la lumière stimule la cellule.
À dose élevée, elle ralentit ou bloque l’effet.
Cela signifie qu’il faut trouver la bonne intensité pour avoir des résultats optimaux.
Pourquoi c’est important ?
Ce principe explique pourquoi un protocole PBM doit être bien réglé :
si la dose est trop faible, il ne se passe rien ;
si elle est trop forte, l'effet peut être contre-productif.
En respectant la courbe biphasique, on maximise les effets sur :
✅ la douleur, ✅ la cicatrisation, ✅ la régénération cellulaire.
Version scientifique : base physiologique et applications cliniques
Fondements biochimiques
La courbe biphasique en photobiomodulation suit la loi d’Arndt-Schulz. Elle stipule que :
une stimulation légère est bénéfique,
une stimulation forte est inhibitrice.
Ce phénomène est observé en biologie cellulaire, notamment dans la régulation des voies mitochondriales, redox et inflammatoires.
Une étude publiée par le NCBI a démontré ce principe chez l’être humain :
La photobiomodulation par lumière bleue induit une courbe biphasique dose-dépendante de prolifération chez les kératinocytes humains, avec un maximum d’effet à 10,35 J/cm², suivi d’une inhibition au-delà de 41,4 J/cm².
👉 Consulter l’étude sur le site du NCBI
Illustration dose-réponse en PBM
< 0,1 J/cm² → réponse négligeable
0,5 à 5 J/cm² → zone optimale de stimulation
> 8 à 10 J/cm² → zone d’inhibition fonctionnelle
Cela concerne la fluence totale, mais aussi l’irradiance (W/cm²) et la durée d’exposition.
Conséquences sur les mécanismes cellulaires
À dose stimulante :
activation de la cytochrome c oxydase,
augmentation de l’ATP,
production contrôlée de ROS,
libération de NO,
activation de voies génétiques réparatrices.
À dose inhibitrice :
excès de ROS,
inhibition de l’ATP synthase,
acidose mitochondriale,
inhibition des enzymes clés.
Applications thérapeutiques : pourquoi cette courbe change tout
Ce principe justifie :
des protocoles individualisés selon les tissus (peau, muscle, os),
des intervalles spécifiques entre les séances,
le choix précis de la fluence et du temps d’exposition selon l’objectif.
Exemple : un muscle profond aura une fenêtre de stimulation différente d’une lésion cutanée.
Photobiomodulation LED et maîtrise de la courbe
Les appareils LED modernes permettent de :
moduler l’énergie délivrée au cm²,
ajuster l’irradiance,
choisir des longueurs d’onde précises,
s’adapter à l’indication thérapeutique.
Cela évite les effets plateau ou l’absence de résultats dus à un mauvais calibrage.
Foire aux questions – Courbe biphasique
🔹 Pourquoi trop de lumière bloque les effets ?
Parce que cela perturbe les mécanismes cellulaires au lieu de les activer : surcharge de ROS, inhibition enzymatique, baisse d’ATP.
🔹 Comment connaître la bonne dose ?
Les professionnels utilisent des protocoles validés, basés sur la fluence (J/cm²), la longueur d’onde et l’indication traitée.
🔹 Tous les tissus ont-ils la même courbe ?
Non. Chaque type de tissu a sa zone de stimulation optimale : la peau est plus sensible que les muscles ou le cartilage.
🔹 La courbe biphasique s’applique-t-elle aussi aux lasers ?
Oui. Le phénomène est indépendant du type de source lumineuse (LED ou laser), mais dépend de la dose finale absorbée par le tissu.
Sources scientifiques citées
Huang Y.Y. et al. (2009). Biphasic dose response in low level light therapy – An update.
Lien vers l’étude
→ Étude fondatrice démontrant que les effets de la PBM suivent une courbe biphasique : une dose modérée stimule, une dose trop élevée inhibe.Karu T.I. (2010). Multiple roles of cytochrome c oxidase in low-level light therapy.
Lien vers l’étude
→ Explique les mécanismes moléculaires derrière cette réponse biphasique, notamment le rôle du stress oxydatif en cas de surexposition.Hamblin M.R. (2017). Mechanisms and doses for photobiomodulation therapy.
Lien vers l’étude
→ Revue complète des doses efficaces, des seuils d’inhibition, et des recommandations cliniques adaptées.Ferraresi C. et al. (2012). Dose–response effects of PBM on mitochondrial activity.
Lien vers l’étude
→ Étude expérimentale montrant que l’excès de lumière diminue la production d’ATP, confirmant la courbe biphasique à l’échelle cellulaire.